La biodiversité comme fil directeur pédagogique

Comment aborder le développement durable grâce à la biodiversité ?

La biodiversité reçoit toujours un accueil très favorable auprès des jeunes et permet de travailler sur de très nombreuses problématiques liées au développement durable une fois que l’on a une vision synthétique sur la biodiversité : sa définition, ses facteurs d’érosion, et les moyens de conservation.  Ainsi, une fois résumé l’essentiel à comprendre sur la biodiversité, une approche pédagogique globale se dessine…

LA BIODIVERSITÉ PEUT FOURNIR DE LA COHÉRENCE DANS NOS PROGRESSIONS SUR LE THÈME DU DÉVELOPPEMENT DURABLE

L’Education au Développement Durable est une voie de réflexion autour d’un sujet complexe. Cet enseignement doit objectivement mettre nos jeunes face à leurs responsabilités, face aux problématiques que nous souhaitons traiter. Il ne s’agit en aucun cas de faire du prosélytisme, du militantisme aveugle, mais bien de permettre à tous, élèves et parents, citoyens de se forger une opinion, pour ne pas entendre : « je ne savais pas ! ».

Economiser l’eau, éteindre les lumières, trier ses déchets, recycler le papier … sont des gestes essentiels pour préserver les ressources hydriques, biologiques et/ou géologiques et des thèmes fréquemment abordés par les enseignants, les pouvoirs publics, sans pourtant que le lien entre tous ces gestes soient toujours suffisamment apparents, profonds et parlant pour nos élèves.

Pour donner du sens à nos enseignements en termes de développement durable, quelle que soit la problématique choisie, il est intéressant de trouver un thème fondateur, unificateur qui donnera de la cohérence à l’ensemble des activités liées au développement durable et un sens aux gestes éco-responsables que nous devons expliquer, justifier et mettre en place : la biodiversité le permet.

Pour bien saisir l’énorme potentiel éducatif que présente l’entrée « Biodiversité », il faut s’accorder sur une démarche globale.

L’APPROCHE PÉDAGOGIQUE GLOBALE, L’ESSENTIEL À COMPRENDRE SUR LA BIODIVERSITÉ

La Biodiversité correspond à l’ensemble des espèces (on parle de biodiversité spécifique), des gènes et allèles au sein de chaque espèce (on parle de biodiversité génétique) et des relations comme la prédation, le parasitisme, la coopération, les symbioses… entre les espèces dans leur milieu (on parle alors de biodiversité écosystémique).

La biodiversité diminue en France et dans le monde en général. Au cours de son histoire, jamais son érosion n’a été aussi rapide.

Mais :


1. Pourquoi conserver la biodiversité ? 
« La biodiversité est utile »

2. Pourquoi la biodiversité disparait ? « Les facteurs d’érosion de la biodiversité »

L’Homme, avec ses activités et sa population grandissante, est le principal responsable de cette disparition de la biodiversité. Plusieurs facteurs sont à l’origine de la disparition de la biodiversité :

1- La destruction des habitats, explique 70% des cas de disparition de la biodiversité, suite aux prélèvements d’eau, à la fragmentation des territoires, la production d’aliments (via l’agriculture conventionnelle et les industries agroalimentaires), l’industrialisation, l’urbanisation, la production d’énergie au sens large (dans tous les secteurs économiques, les habitations, lors des déplacements, à travers les pratiques alimentaires comme la consommation de viande bovine par exemple…), la production de déchets, les gaspillages et enfin toutes les pollutions associées. En première approximation, tous les comportements écoresponsables qui limiteront les émissions de gaz à effet de serre, freineront ipso facto la dégradation de l’environnement et contribueront à la préservation des espèces.

2- Le développement d’espèces invasives, qui, en l’absence de prédateurs et/ou pathogènes, remplacent les espèces autochtones dont la dynamique des populations est souvent déjà affaiblie par un milieu dégradé, concerne 20% des cas de disparition de biodiversité.

3- La surexploitation des ressources (forestière, halieutique…), qui ne laisse pas le temps aux espèces de se reproduire, concerne les 10% restants des cas de disparition de la biodiversité.

3. Comment conserver la biodiversité ? « Les moyens de préservation (en amont) et protection (en aval) de la biodiversité »

La première voie pour conserver la biodiversité consiste à la protéger en créant des zones sanctuaires (in-situ, c’est-à-dire en protégeant le milieu naturel dans des Parcs Nationaux, Réserves Naturelles, Espaces Naturels Sensibles, zones Natura 2000, élevages d’espèces rustiques et privilégiant des zones à fort potentiel évolutif ; et en dernier recours ex-situ, en créant des zoos, des banques de graines, de sperme, de gènes…), compléter par des actions ponctuelles de réintroductions d’espèces, renforcements de populations…, c’est-à-dire par des actions en amont (autrement dit une fois que les espèces sont en grand danger de disparition).

La seconde voie pour conserver la biodiversité consiste à la préserver en luttant contre ces 3 facteurs d’érosion : surexploitation des ressources, développement d’espèces invasives et destruction des habitats, c’est-à-dire par des actions en aval (autrement dit avant qu’il ne soit trop tard) par le contrôle des espèces invasives, la gestion des ressources et… la mise en place de systèmes vertueux notamment à travers des comportements éco-responsables, une agriculture durable, le développement des énergies renouvelables, la mise en place de circuits-courts, l’écoconception, l’écotourisme, le tri des déchets et leur recyclage, … et l’éducation au sens large.

Enfin, bien que l’Homme soit responsable de la disparition de la biodiversité dans la très grande majorité des cas, il est également capable, parfois, de créer de la biodiversité en réhabilitant des sites industriels, d’anciennes carrières par exemples ou par la sélection artificielle…

UNE STRATÉGIE D’ENSEIGNEMENT POSSIBLE, COMMENCER PAR MONTRER L’IMPORTANCE DE LA BIODIVERSITÉ ET SORTIR SUR LE TERRAIN

Partant du principe que l’on que l’on adopte un comportement éco-responsable que si l’on en a compris toute la portée, le fondement, les activités pédagogiques proposées (en aucun cas exemplaires mais perfectibles) débutent par démontrer l’utilité de la biodiversité. En effet, l’étude de l’importance de la biodiversité pour l’Homme (et l’ensemble de la biosphère), des facteurs d’érosion et des moyens de conservation de cette biodiversité permet d’aborder de nombreux problèmes environnementaux et d’éduquer au développement durable. L’autre avantage que présente le fil rouge « biodiversité » dans le cadre du développement durable est le très bon accueil fait à ce thème par les élèves du primaire comme du secondaire.

Ainsi, quelle que soit la problématique choisie en lien avec le développement durable (facteurs d’érosion de la biodiversité ou moyens de conservation de celle-ci), quel que soit le geste éco-responsable que l’on cherche à mettre en place (Pourquoi limiter l’usage des pesticides ? Pourquoi avoir recours aux énergies renouvelables ? Pourquoi trier ses déchets ? Quel est le rôle des zoos ? …), il est possible de la/le traiter par l’entrée « Biodiversité » à condition toutefois d’expliquer en amont la valeur de la biodiversité !!!!

En résumé, le plan qui permet de traiter la très grande majorité des problématiques environnementales est le suivant :

  • pourquoi conserver la biodiversité ? (la biodiversité est utile)
  • pourquoi la biodiversité disparaît ? (les facteurs d’érosion de la biodiversité)
  • comment conserver la biodiversité ? Autrement dit :
    • Préservation comment préserver la biodiversité par des actions en aval (c’est-à-dire avant qu’il ne soit trop tard) ? (mise en place de comportements et systèmes vertueux ; contrôle des espèces invasives ; gestion des ressources),
    • protection comment protéger la biodiversité (c’est-à-dire une fois que les espèces sont en grand danger de disparition) ? (création de zones sanctuaires in-situ et ex-situ).

Il est possible de ne traiter qu’une fraction de ce plan, mais mettre en avant la valeur de la biodiversité semble incontournable puisque c’est sur cette notion que repose l’intérêt que l’on porte aux facteurs de sa disparition (travail sur les origines de la disparition de la biodiversité) et/ou aux moyens de la conserver dont les comportements et systèmes vertueux (gestes écoresponsables, transition énergétique, agroécologie…).